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Levé très tôt aujourd'hui au son des cigales dans l'appartement presque vide parce que nous déménageons sous peu. La raison en est simple: une altercation avec le gars du Massachusetts. C'est à la suite d'une nouvelle excursion à sa poursuite avec mon fils sur le dos - Piponin toujours aussi raide et même plus raide que jamais, et toujours aussi froid mais bizarrement les joues fort rouges des beaux jours ce qui nous rassure Clém' et moi - excursion au cours de laquelle j'ai dû m'approcher bien trop près, suffisamment près en tout cas pour n'avoir plus besoin de mes jumelles infra-rouge, qu'il s'est jeté sur moi comme un fou, m'a plaqué au sol, a soigneusement déposé Pipo plus loin et m'a roué de coups pendant une bonne demi-heure en hurlant "Laissez-moi faire mes trous, mais laissez-moi faire mes trous" avec un très très fort accent américain et une voix très très aiguë. Et puis il m'a laissé là le nez en sang, je l'ai entendu hurler comme un sauvage "Mes trous c'est mon vie" répété quatre ou cinq fois en mourant par l'écho de la montagne et puis plus rien. Apeuré et aussi gêné je suis rentré chez moi tout con me prendre une douche et me passer de la crème sur mes bleus.
Dans la salle de bain mon fils mort mais pas tout à fait semblait me dire T'as merdé papa et sur l'avis de Jean Talonteul - le maire de Villeneuzy: "Vous feriez mieux de quitter le coin, vous et votre petite famille, monsieur Cazé" - on s'est cherché un truc en ville. Depuis je ne l'ai plus revu, l'Américain, et on déménage demain.